C’est bien un loup qui a été aperçu le lundi 20 janvier 2020 au matin à Gurat sur la route de Gurat à l’ Emerie.
La Préfecture confirme ce qu’indiquait le spécialiste mondial Antoine Nochy : c’est bien cet animal qui a été identifié dans notre département.
« L’Office français de la biodiversité (OFB) a pu authentifier cette observation comme étant celle d’un loup gris (canis lupus lupus) », est-il écrit dans un communiqué de presse. Il s’agit donc d’une première depuis le 19 septembre 1926. A cette date, un loup avait tué onze brebis à Hiesse.
Selon Jean-Yves Morellec, de l’OFB, il s’agit de « la souche italienne », qui a « colonisé la France depuis 1992. » Cette espèce serait rentré au début des années 1990 par le Mercantour, dans les Alpes du Sud. « L’espèce est connue pour sa grande capacité de dispersion, indique la Préfecture notamment en phase de recherche de territoire. Ainsi, depuis sa réapparition dans les Alpes du Sud en 1992, le loup a parcouru des territoires aussi éloignées que les Pyrénées, la Lorraine, la Bourgogne, ou encore la Somme. En Nouvelle-Aquitaine la présence du loup gris a été avérée en Dordogne en 2015, dans les Pyrénées-Atlantiques en en 2018 et 2019, et plus récemment, mi-novembre 2019, dans le sud-ouest de la Charente-Maritime ».
Les services de l’Etat précisent que : « ce type d’observation fortuite et isolée de loup a souvent lieu à l’automne et en début d’hiver. Cette saison correspond en effet à une étape importante du cycle biologique de l’espèce qu’on appelle la dispersion. A cette période, les jeunes nés au printemps prennent pleinement leur place au sein du groupe, contraignant d’autres individus à quitter la meute pour chercher un nouveau territoire où s’établir. Ces individus peuvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres avant de se fixer, et ceci en quelques jours (distances de dispersion pouvant atteindre 800 km depuis le lieu de naissance). »
«C’est bien un loup!» Antoine Nochy n’a pas longtemps hésité avant de livrer son verdict. Pour ce spécialiste du loup, à la tête d’un réseau d’entente mis en place par la Région début 2019, il n’y a pas de doute. L’animal aperçu par Marina François, une maman de 28 ans, ce lundi matin à Gurat ne peut être autre chose qu’un loup.
«C’était vers 10 heures, raconte la Charentaise. Je venais de déposer mon fils chez sa nounou à Villebois-Lavalette. J’étais sur une petite route pour rentrer chez moi et j’ai vu cet animal, dans le champ. Cela m’a troublé. Il a traversé la route, j’ai pu le prendre en photo», explique t-elle. Marina a également pu réaliser une petite vidéo de l’animal, en train de filer dans un pré de cette commune situé tout près de Villebois-Lavalette et à deux pas de la Dordogne.
Ce qui a convaincu le spécialiste Antoine Nochy, «c’est l’avant-main et les épaules. Elles sont très costaudes», explique celui qui a été formé aux techniques américaines dans le parc de Yellowstone, aux États-Unis.
«Il a tout du loup!»
«Il a aussi des petites oreilles qui sont beiges à l’arrière ainsi qu’un masque blanc. C’est caractéristique du loup. Et puis il a une petite queue, une queue basse. Bref, il a tout du loup! Notamment dans la manière de se déplacer. Il est nonchalant et à la fois efficace dans le franchissement des obtsacles et de l’espace», analyse t-il après avoir décortiqué l’attitude de l’animal sur la vidéo envoyée par Marina François à CL. Antoine Nochy n’est d’ailleurs absolument pas surpris par cette présence. Contactée, l’antenne charentaise de l’Office français de la biodiversité (l’OFB) se montre plus prudente qu’Antoine Nochy. Mais prend l’information au sérieux.
La preuve, dès hier en fin d’après-midi, des agents de l’OFB se sont rendus à Gurat afin de faire des repérages et recueillir le témoignage de Marina. «Ils doivent revenir demain (NDLR: aujourd’hui) car il commençait à faire nuit. Ils veulent voir s’il y a des traces ou des poils dans les barbelés», explique la jeune femme. Jean-Yves Morellec, de l’OFB, «n’exclut pas» qu’il s’agisse d’un loup «mais on ne peut pas être formel».
Loup ou chien-loup tchèque?
Il note tout de même «des choses troublantes», qui feraient penser que cet animal est bien un loup. Notamment «le masque facial». Mais précise qu’il est possible de confondre ce spécimen avec un chien-loup tchèque. «Il y a un élevage de la sorte en Gironde et ces animaux ont tendance à fuguer un peu», confie Jean-Yves Morellec. Qui a transmis cette information au réseau national de l’OFB. En février 2019, on dénombrait pas moins de 430 loups présents dans tout l’Hexagone. À cette même période, plusieurs attaques de brebis à Ambernac et Vitrac-Saint-Vincent, en Charente-Limousine avaient fait planer la présence du loup en Charente. Dans notre département, la dernière apparition de cet animal remonte au 19 septembre 1926. À cette date, le loup avait tué onze brebis, à Hiesse.